“Un modèle de développement marocain… mais aussi africain” - Youssef AmraniYoussef Amrani

“Un modèle de développement marocain… mais aussi africain”

La grandeur d’une Nation se mesure à sa capacité acquise de se renouveler lorsque le temps ou le contexte l’exigent. Telles des entités douées de vie, les États se doivent d’avoir un recul permanent sur leurs propres destinées pour continuellement évaluer la cohérence de leur démarche, à la lumière de leurs ambitions de développement. Le recul critique porté sur la chose publique dans sa globalité, devient alors la pierre angulaire qui différencie les Nations qui pensent de celles qui subissent.

Le Maroc, sous l’impulsion et le leadership de Sa Majesté le roi Mohammed VI, s’est livré, il y a des années de cela, à un exercice de vérité et de franchise, qu’il a voulu le plus transparent et inclusif possible. Par cette démarche, le Maroc a engagé les consciences et les responsabilités collectives d’une Nation fédérée de tout temps autour d’un même projet, d’une même ambition et d’une même démarche.

Il y a dans cet exercice d’introspection les marques d’une singularité marocaine reconfigurée. Dans sa culture comme dans son histoire, le royaume a toujours su marier la continuité au renouveau, la modernité à la tradition, le respect d’hier aux exigences de demain. La gestion qui a été faite par le Maroc du Covid-19 a d’ailleurs, de l’aveu du plus grand nombre, démontré la vigueur de cette profondeur identitaire du royaume.

Là où certaines Nations se sont découvertes face à l’adversité du virus, le Maroc n’a été pour sa part que conforté davantage dans ses choix d’antan et confirmé une fois de plus comme une Nation qui a su préserver inconditionnellement les valeurs immuables d’empathie, de solidarité et de responsabilité qui fondent son ADN national.

Une maturité marocaine

En ce sens, le nouveau modèle de développement est d’abord le reflet d’une maturité marocaine. Une maturité qui ne tait pas les lacunes, reconnaît les manquements et souligne l’essoufflement d’un modèle passé, qui nécessitait d’être revisité. Ce nouveau modèle préside d’une conviction profonde que la construction de l’avenir ne se fait pas sans un diagnostic lucide du passé.

L’improvisation n’a pas sa place dans les cohérences d’une nation millénaire. À l’incertitude, le Maroc a toujours opposé de l’anticipation et de la responsabilité. Ce nouveau modèle de développement est donc celui d’une vision responsable, pionnière et volontariste portée sur l’avenir d’une Nation et la destinée de ceux qui la constituent. C’est un modèle de rupture, piloté dans la sérénité d’une démarche qui puise son essence dans l’intelligence collective.

En tant qu’expression souveraine qui s’inscrit dans le temps long, ce nouveau modèle de développement exige, dans son opérationnalisation, de la préparation, de l’engagement et des efforts durables. Les modèles de développement, quels qu’ils soient, ne se conçoivent pas comme des recettes magiques, mais se confectionnent et se construisent comme des édifices structurants. Il faut de la mobilisation, de l’appropriation, de la conscience, de l’écoute et beaucoup de volonté.

La transcendance collective des esprits et l’orientation de l’action publique ne sauraient se faire en dehors d’une approche holistique et globale qui s’intéresse à tous les ponts structurants d’un projet de société qui se veut aussi inclusif, fédérateur que cohérent.

Modèle participatif

C’est là que se dévoile l’essence même de ce nouveau modèle de développement, tel un pacte qui enchevêtre les aspirations citoyennes aux orientations des politiques publiques. En ce sens, c’est un modèle de rapprochement participatif. Un modèle qui fait converger l’aspiration à la démarche, les stratégies à l’action et les réflexions aux véritables enjeux de demain

L’ambition annoncée est celle d’une fusion qui amalgame dans la plus grande des cohérences les décisions publiques et les attentes citoyennes. Doubler le PIB par habitant à l’horizon 2035, accroître la capacité de l’économie à créer des emplois, atténuer fortement les inégalités sociales et territoriales, tout en assurant une couverture sanitaire universelle et une éducation de base de qualité, ne sont que les expressions différenciées et particulières d’un seul et même élan de progrès promu par ce nouveau plan marocain.

À ce titre, ce nouveau modèle est une percée majeure de substance qui apporte beaucoup de lumière, là où les perceptions pouvaient être floutées par l’ignorance, les non-dits et les oublis. Ce modèle est le porte-voix de celles et ceux qui vivent le Maroc, font le Maroc et aiment profondément la Nation.

Telle une chorale synchronisée, ce n’est pas l’unisson, mais l’accord parfait des différentes notes qui font du modèle de développement le modèle de tous les Marocains, indifféremment de leur sexe, de leur statut social, de leur lieu de résidence, de leur couleur politique, de leur engagement et de leur croyance.

C’est un modèle détaché du particularisme et proche du particulier. Il est le reflet d’une nation marocaine diverse, d’un territoire riche et d’une économie en mutation. Il englobe toute la complexité d’un modèle de société où le vivre-ensemble est celui d’une solidarité agissante, où la productivité n’est pas le productivisme, où la politique n’est pas politicienne.

Il est une boussole qui corrige, oriente et relance, dans le but d’amorcer la dynamique de changement. Le renouvellement préconisé par ce modèle de développement concerne une globalité de choses allant de l’appareil administratif dans ses compétences et ses méthodes aux réformes sectorielles dans leurs teneurs et leurs orientations, en passant par la qualité du service public dans ses procédés et ses transparences.

Il préconise un recours massif au numérique, une régulation avisée de la chose publique, une émulation renforcée dans l’investissement d’avenir, l’éducation et la santé. Autant dire que ce nouveau modele est un pari pour l’avenir qui n’a rien de hasardeux. On ne parie pas sur l’avenir d’une Nation sans la connaître pleinement, sans l’entendre dans ses moindres expressions, sans comprendre l’ensemble des soubassements qui fondent sa richesse.

Ouverture sur le monde

Au-delà d’une logique autocentrée, le nouveau modèle de développement reflète pleinement cette ouverture sur le monde d’un Maroc qui ne conçoit pas son avenir en dehors de celui de ses partenaires.

La position géostratégique du Royaume se suffit à elle-même pour plaider l’immensité des opportunités de co-émergence intercontinentale, régionale et sous-régionale qui se présentent. Le Maroc a toujours fait de son positionnement géographique une force motrice de son développement et une responsabilité assumée dans le concert des Nations.

Aujourd’hui, les mutations des contextes internationaux ne sont pas des tares, mais des opportunités de projection qui plaident pour des intégrations renforcées, qu’elles soient euro-méditerranéennes, africaines ou euro-africaines. Le Maroc a cette culture du consensus et de l’unité enracinée dans sa diplomatie. Il a une démarche de partage, d’interaction et de dialogue qu’il fait primer dans l’ensemble de ses relations.

L’attachement indéfectible du Royaume a ses valeurs cardinales, en font non seulement un partenaire de confiance et un interlocuteur crédible, mais également et surtout une force qui met en émulation l’unité et la cohérence dans un monde où les divisions et les perturbations se font dérouler des tapis rouges par certains.

C’est dire que ce nouveau modèle de développement a quelque chose d’éminemment africain, tant il est en phase avec le dessin d’un continent qui fait primer le dialogue sur la division, la solidarité sur l’égoïsme et la pertinence sur l’idéologie. Les valeurs portées par le Maroc, la vision défendue par le Royaume, les voix exprimées par la Nation ne sont en réalité que les échos d’une même profondeur identitaire enracinée en terre africaine.

Le nouveau modèle de développement est un agenda interne, taillé pour le Maroc dans l’attachement indéfectible de ses valeurs, d’abord continentales et ensuite universelles.

Youssef Amrani, ambassadeur de Sa Majesté le roi en Afrique du Sud.

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