Pourquoi et comment nous devons aller vers l’Afrique Par Youssef Amrani - Youssef AmraniYoussef Amrani

Pourquoi et comment nous devons aller vers l’Afrique Par Youssef Amrani

Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération. Economiste de formation, il a été longtemps ambassadeur en Amérique latine avant de prendre la charge de Directeur des Affaires bilatérales au ministère des Affaires étrangères puis d’en assumer le Secrétariat général de 2008 à 2011. Nommé  Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, il a été rappelé quelques mois plus tard pour entrer dans le gouvernement d’Abdelilah Benkirane, sous les couleurs de l’Istiqlal.

Pourquoi et comment nous devons aller vers l’Afrique Par Youssef Amrani, ministre délégué

Au-delà des entraves et des difficultés bien réelles, il convient aujourd’hui de s’interroger sur les mesures qui pourraient être mises en œuvre pour exploiter de façon optimale le potentiel d’amélioration de nos relations bilatérales avec les pays africains, en construisant sur nos acquis et en saisissant les opportunités qui s’offrent à nous, grâce à nos nombreux atouts et à l’évolution du contexte régional et international. Certes, il s’agit d’un vaste chantier qui concerne plusieurs départements et de nombreux acteurs du secteur privé et de la société civile.
Sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la politique africaine du Maroc a été marquée par un renforcement de la coopération, tout en consolidant les acquis du passé.
Les relations avec l’Afrique se fondent plus que par le passé sur le facteur économique. En effet, avec l’évolution de la gouvernance dans ces pays et les possibilités d’alternance qu’elle offre, la politique africaine du Maroc gagnerait à être davantage fondée sur des bases durables indépendantes des conjonctures politiques.
Certains anciens accords ont vieilli: Plusieurs de leurs dispositions ne sont pas appliquées, comme celles relatives aux questions tarifaires et non tarifaires. La diplomatie marocaine devrait s’y consacrer et jouer un rôle plus actif afin de rendre opérationnelles les dispositions de tous ces traités.
Il importe aussi d’évoluer vers des accords à caractère global et préférentiel, avec une attention sur les secteurs de biens et services pour lesquels l’économie marocaine est compétitive. Il faut s’ouvrir aux nouveaux secteurs d’investissements, incluant leur protection, notamment en ce qui concerne les dispositions appropriées relatives à la propriété intellectuelle.
Ces accords devraient également avoir pour objectif l’instauration de zones de libre-échange avec le Maroc. En cas de résistance à cette option de la part de certains pays partenaires, les accords devraient viser des réductions substantielles de droits de douane sur les biens et services pour lesquels l’économie marocaine dispose d’avantages compétitifs.
La contribution des Affaires étrangères et de la Coopération et de l’appareil diplomatique test un levier dans le développement de l’influence du Maroc sur la scène africaine.
Le développement des relations Maroc-Afrique demeure tributaire de la capacité de notre diplomatie à développer et promouvoir toutes mesures susceptibles de consolider et d’approfondir nos liens avec l’Afrique, tout en contribuant à remédier, progressivement, aux faiblesses et aux difficultés qui entravent jusqu’à présent la politique africaine du Maroc.

Texte de référence

Le texte est un résumé d’une conférence prononcée par le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Ce texte définit la stratégie marocaine vis-à-vis de l’Afrique. Les coupures et les titres sont de la rédaction; voir aussi notre dossier Analyse d’aujourd’hui, à partir de la page 3.

 

 

L’existant

Les quatre-cinquièmes des investissements marocains à l’étranger sont destinés aux pays africains. Ils sont polarisés essentiellement sur les régions d’Afrique de l’Ouest et du Nord. L’Afrique de l’Ouest est la destination privilégiée avec une part égale à 71% du total du stock des IDE marocains en Afrique. L’Afrique centrale représente 6%, les IDE marocains en Afrique de l’Est et Australe demeurant quant à eux complètement absents.
Les services sont composante importante de la demande mondiale (secteur bancaire, télécommunications et assurances). Les autres secteurs, à savoir le primaire et le secondaire, drainent peu d’investissements marocains vers l’Afrique. Ils vont à l’exploitation minière et énergétique. Les BTP et l’immobilier ont  une part croissante. Les PME sont absentes en raison de leur capacité financière limitée.
Les nombreuses visites royales effectuées dans différents pays africains ont permis la signature de 400 accords en une décennie avec plus de 40 pays  dont  la conclusion d’accords avec de nouveaux groupes régionaux tels que l’Union Economique et Monétaire des Etats d’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)
Les éléments culturels communs et les aspects de la mémoire partagée doivent être valorisés, de même que la solidarité agissante du Royaume (effacement de la dette des PMA, programmes divers de coopération, plus de 7.000 bourses d’études annuelles, aide humanitaire,…).
Au niveau humanitaire, le Royaume a également octroyé différentes aides à plusieurs pays du continent (les victimes de la vague de sécheresse à Madagascar, inondations au Niger, au Kenya et au Burkina Faso,…).
Sur le plan sécuritaire, l’engagement du Maroc dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique, à travers notamment sa participation à plusieurs opérations de maintien de paix en Afrique, continue d’être une priorité.

média

 

attachment-1 photo-2b conference-youssef-amrani b-20 img_0051 milan-oct-2015 2016-02-12 - Youssef Amrani, Minister in Charge of Mission at the Royal Cabinet of Morocco gesticulates on the conference "The Challenges for Security Services in of Imported Terrorism in Europe" from the Middle East Peace Forum on the Munich Security Conference in Munich, Germany. Photo: MSC/dedimag/Sebastian Widmann upm 23023365664_05464c6a50_o