Intervention de Monsieur le Ministre Délégué lors de l'Assemblée Parlementaire de l’Union pour la Méditerranée à Rabat - Youssef AmraniYoussef Amrani

Intervention de Monsieur le Ministre Délégué lors de l’Assemblée Parlementaire de l’Union pour la Méditerranée à Rabat

Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le Secrétaire Général de l’UpM
Distingués invités, Chers amis,

 

Permettez-moi tout d’abord de remercier l’Assemblée Parlementaire de l’Union pour la Méditerranée d’avoir choisi la capitale du Maroc pour organiser cette importante rencontre. Je souhaiterais également féliciter l’AP-UpM pour

l’impulsion et l’appui à la consolidation et au développement du Partenariat euro-méditerranéen qu’elle a toujours su apporter. Je saisis cette occasion pour saluer les contributions toujours appréciées des honorables parlementaires euro méditerranéens, qui témoignent de leur attachement à la réalisation de cet idéal commun que nous chérissions tous : l’émergence d’une zone de stabilité et de prospérité partagée sur l’ensemble du pourtour méditerranéen.

Convaincu de la centralité de la région méditerranéenne comme espace économique, homogène et complémentaire, le Maroc s’est depuis longtemps investi dans l’édification d’une zone euro-méditerranéenne porteuse d’opportunités. Ceci s’est traduit par l’établissement de relations privilégiées avec les partenaires méditerranéens, notamment dans le cadre de l’Accord d’Agadir (Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie) et d’un Accord de libre échange avec la Turquie. En s’associant à de telles initiatives, le Maroc a donné un contenu concret à la coopération euro-  méditerranéenne et continuera d’œuvrer dans ce sens, dans le cadre, notamment, de l’Union pour la Méditerranée.

L’engagement euro- méditerranéen du Maroc en faveur du rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée se traduit également par la Présidence de nombreuses institutions euro méditerranéennes, dont l’Assemblée parlementaire et le Secrétariat Général de l’Union pour la Méditerranée.

Je saisis l’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui pour souhaiter tous mes vœux de succès au Secrétaire Général de l’UpM, M. Fattallah Sijilmassi, dans l’accomplissement de sa nouvelle mission. De par son engagement, ses connaissances et sa maîtrise des problématiques euro-méditerranéennes, M. Sijilmassi saura j’en suis convaincu insuffler une dynamique solide et durable à même de réaliser pleinement les objectifs et l’esprit de notre  Partenariat euro-méditerranéen.

 

Mesdames et Messieurs les députés,

Monsieur le Secrétaire Général de l’UpM

Distingués invités, Chers amis,

Dans un contexte international marqué par une conjoncture économique difficile et un environnement régional en pleine mutation, les pays Sud méditerranéens sont entrés dans une nouvelle ère, porteuse à la fois de défis et d’opportunités.

Cette nouvelle dynamique régionale nous invite à repenser les relations entre les deux rives de la Méditerranée en intégrant une vision stratégique des relations euro-méditerranéennes basée sur le long terme, dans le cadre d’une perspective commune entre les deux rives, et fondée sur une relation Nord-Sud rénovée.

Dans ce contexte, Nous, pays de la rive Sud, devons puiser avec ambition dans les nouvelles possibilités désormais offertes en ouvrant de nouvelles perspectives de rapprochement entre les pays partenaires méditerranéens et l’Union Européenne.

Nous devons saisir les nombreuses opportunités que nous offre la Méditerranée pour donner un nouveau souffle à notre coopération régionale en améliorant notamment la capacité opérationnelle de l’UpM.

Sans m’attarder sur ce sujet, qui sera abordé de façon plus détaillée par le Secrétaire Général de l’UpM, je souhaiterais néanmoins étayer mon propos en vous soumettant les trois observations suivantes :

1.L’Europe et ses partenaires du Sud disposent d’une opportunité unique pour permettre à l’UpM de jouer un rôle catalyseur afin d’aider et d’accompagner le processus de reconstruction et de changement dans la région ;

2.Les changements dans la région ont renforcé le besoin d’inclure des priorités nouvelles et des nouveaux projets dans les relations entre l’UE et ses pays voisins, particulièrement du Sud ;

3.Les priorités établies lors du sommet de Paris (2008) continueront d’être valides et pertinentes. Elles couvrent des secteurs cruciaux pour développer le potentiel de croissance des pays méditerranéens, comme l’eau, l’énergie, les transports ou le développement des PME. Toutefois, de nouveaux domaines de coopération s’imposent à nous avec force en raison de la nouvelle configuration politique dans les pays méditerranéens. Ces domaines comprennent notamment l’inclusion et la participation des acteurs, tel que la société civile, la participation des femmes dans la société, les parlementaires, les collectivités locales et territoriales, ainsi que l’accompagnement des processus de réformes socio-économique et politiques.

 

Par ailleurs, l’on se saurait aborder la problématique qui nous rassemble aujourd’hui sans évoquer la dimension régionale de la nouvelle Politique européenne de voisinage.

En effet, le processus actuel de réflexion sur la PEV nouvelle génération est primordiale et complémentaire à la fois.

Primordial, car il met en avant une approche basée sur la concertation et l’inclusion des pays partenaires à la réflexion actuellement en cours, qui, en raison du contexte actuel, exige de l’ensemble des partenaires une réponse rapide et appropriée.

Il est par ailleurs complémentaire car il rejette toute duplication des actions et des cadres existants et vise essentiellement à atteindre plus d’efficacité, notamment en ce qui concerne la dimension régionale du processus.

Dans cette perspective, toutes les composantes des pays euro-méditerranéens, gouvernements, parlementaires, représentants locaux et des régions, société civile, devront apporter tout leur soutien et leurs efforts pour permettre à l’UpM de devenir une locomotive du développement socio-économique régional.

Pour cela, il est nécessaire de privilégier une méthodologie efficace et des instruments performants. Cette méthodologie devra privilégier la simplicité, la cohérence tout en veillant à accroître l’opérationnalité des actions définies sur le plan régional.

Dans ce contexte, il est fondamental de s’assurer que les objectifs et principes de la dimension régionale de la nouvelle PEV convergent avec ceux qui guideront la trajectoire de l’UpM. Cette trame de fond commune devra permettre d’identifier des initiatives concrètes et tangibles au profit de l’ensemble des populations euro-méditerranéennes.

Dans ce cadre, le Maroc œuvrera au renforcement du voisinage avec les pays européens sur la base de nouveaux mécanismes et d’une nouvelle vision qui prenne en compte une reconfiguration plus ambitieuse et visionnaire des relations entre les deux rives de la Méditerranée.

Nous disposons aujourd’hui des outils nécessaires pour commencer à œuvrer dans ce sens. Cependant, l’on ne peut optimiser les voies et moyens permettant d’atteindre cet objectif sans œuvrer, en parallèle, au développement harmonieux du Maghreb.

La redynamisation de l’UMA revêt en effet une dimension stratégique. Le Maroc aspire à ce que l’UMA soit un acteur central et agissant dans la coopération euro méditerranéenne car le développement du Maghreb, de par son rôle à la fois intégrateur et fédérateur, aura un impact majeur sur la prospérité et la sécurité de l’Union européenne et de l’ensemble du bassin euro-méditerranéen.

 A cet égard, il importe de rappeler que Sa Majesté le Roi Mohammed VI  a appelé  à la mise en place d’un nouvel ordre maghrébin  en mesure de répondre aux aspirations des populations des cinq pays de la région. En définitive, le renforcement des liens et des ponts entre les pays euro-méditerranéens, l’UpM, l’UE et l’UMA constitue à la fois une évidence géographique, une nécessité politique, un impératif socio-économique et un objectif stratégique.

 Nous sommes appelés à prendre conscience que notre positionnement dans la mondialisation dépendra en grande partie de la physionomie de notre intégration horizontale et de l’ambition des relations que nous allons développer, individuellement et collectivement, avec l’Union européenne. Pour ce faire, nous devrons œuvrer à la réhabilitation de la centralité stratégique de la Méditerranée.

 Pour les pays du Sud comme pour l’UE, l’enjeu est unique : « la création d’une zone euro-méditerranéenne de stabilité et de prospérité partagée », qui est d’ailleurs un des principaux objectifs du Partenariat euroméditerranéen, adopté en 1995 à Barcelone.  Cependant, la paix et la stabilité escomptées demeurent tributaires d’une résolution définitive de l’ensemble des problèmes de la région notamment la question palestinienne et la crise en Syrie.

A cet égard, le Maroc, dont le Souverain Préside le Comité Alqods, insiste sur la nécessité de doter le peuple palestinien d’un État indépendant, viable et vivant dans la paix et la sécurité aux côtés de ses voisins avec Jérusalem-Est comme capitale et ce, conformément aux résolutions de  la légalité internationale.

Devant la persistance d’actions unilatérales et de politiques déplorables de la part d’Israël, nous sommes appelés à redoubler d’efforts et à exercer une pression sur le gouvernement israélien pour qu’il se conforme aux résolutions internationales et s’engage dans le processus des négociations devant aboutir à une solution juste et définitive à cette cause prioritaire pour l’ensemble des peuples arabes et islamiques.

S’agissant de la crise syrienne, le Maroc contribue, en sa qualité d’unique pays arabe membre non permanent du Conseil de Sécurité, aux efforts diplomatiques déployés sur la base de l’initiative de la Ligue arabe dans le respect de  quatre points:

– l’arrêt immédiat de toutes les violences et l’encouragement du dialogue politique ;

– aider le peuple syrien à réaliser ses aspirations légitimes à la construction d’institutions politiques nationales ;

– maintenir la souveraineté de la Syrie, de son intégrité territoriale, de sa cohésion sociale et de son pluralisme ;

– l’exclusion de toute intervention militaire extérieure.

Cette nouvelle approche, fondée sur des complémentarités évidentes et sur la destinée commune qui unie les pays des deux rives de la Méditerranée, permettra d’avancer sereinement vers l’avenir, sur de nouvelles bases, de façon solidaire et dans un esprit de responsabilité partagée.

 

Je vous remercie

média

 

attachment-1 photo-2b conference-youssef-amrani b-20 img_0051 milan-oct-2015 2016-02-12 - Youssef Amrani, Minister in Charge of Mission at the Royal Cabinet of Morocco gesticulates on the conference "The Challenges for Security Services in of Imported Terrorism in Europe" from the Middle East Peace Forum on the Munich Security Conference in Munich, Germany. Photo: MSC/dedimag/Sebastian Widmann upm 23023365664_05464c6a50_o