Intervention de Monsieur Youssef Amrani à l’occasion du Séminaire sur « Le statut avancé Maroc-Union européenne : nouveaux acteurs, nouvelles perspectives » à Rabat - Youssef AmraniYoussef Amrani

Intervention de Monsieur Youssef Amrani à l’occasion du Séminaire sur « Le statut avancé Maroc-Union européenne : nouveaux acteurs, nouvelles perspectives » à Rabat

Monsieur le President de la Generalitat de Catalunya,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Il m’est particulièrement agréable de vous souhaiter la bienvenue à ce séminaire que nous organisons avec l’aimable concours de l’Institut européen de la Méditerranée et qui est placé sous une thématique de grande actualité que celle du « Statut avancé Maroc-Union européenne : nouveaux acteurs, nouvelles perspectives ».

C’est également un grand plaisir et un immense intérêt, que d’échanger avec tant de gens d’expérience et aux perspectives si multiples et si diverses, dans le but de formuler de nouvelles idées et d’identifier un nouveau cap pour les relations unissant le Maroc à l’Union européenne.

A cet égard, je voudrais rappeler que l’Institut européen de la Méditerranée  a toujours contribué de façon substantielle au processus qui nous a mené au Statut Avancé. En organisant en mars 2007, le premier séminaire international sous la thématique « Le Maroc et l’Union européenne, vers un Statut Avancé dans l’Association euro méditerranéenne », anticipant ainsi l’évolution ultérieure de cette étape statutaire.

Cela démontre tout l’intérêt que porte cet Institut et, par de là, toutes les instances catalanes, qu’elles soient institutionnelles, économiques ou académiques au devenir des relations entre les deux rives de la Méditerranée.

Cela reflète aussi la vocation naturelle de la Catalogne de s’ériger comme l’interface privilégiée entre les deux rives et comme le trait d’union en faveur de la compréhension mutuelle, de l’échange fructueux et de la coopération mutuellement bénéfique entre les différents pays du bassin Méditerranéen.

Aujourd’hui, la présence parmi nous de son Excellence le Président Artur Mas, témoigne de cet intérêt et reflète cette formidable capacité de la Catalogne à anticiper et à entrevoir le devenir de la relation euromed chaque fois sous un angle vertueux et constamment ambitieux.

A cet égard, et pour avoir assumé, pour une courte période il est vrai, les fonctions de Secrétaire général de l’UpM, j’ai pu mesurer le grand engagement de toutes les instances catalanes en faveur de l’éclosion de cette Organisation, comme j’ai pu mesurer le rôle déterminant que joue la Catalogne en faveur de la ‘cause’ euro-méditerranéenne et son action de force motrice de ce partenariat.

A partir d’une perspective strictement bilatérale, l’engagement de la Catalogne à renforcer le maillage et les liens économiques, culturels et humains avec le Maroc a toujours été constant.

Preuve en est le forum économique que vous organisez demain à Casablanca avec la CGEM et qui marque la profondeur, la richesse et l’étendue  des relations maroco-catalanes.

Preuve en est aussi l’intense activité économique et sociale que vous allez mener après demain à Tanger.

 

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

 

Le Statut avancé a pris comme socle fondateur la spécificité et la portée stratégique de la relation entre le Maroc et l’Union européenne. Celle-ci se singularise en effet, par trois traits majeurs :

1. Un enracinement historique fort;

2. Un maillage économique, culturel et humain de plus en plus dense ;

3. Une appropriation et une prise en charge de cette relation par de plus en plus d’acteurs économiques, associatifs, non étatiques et territoriaux.

Depuis son entrée en vigueur en 2008, le Statut avancé a permis que notre relation avec l’UE ne soit plus de l’apanage exclusif du Gouvernement, mais qu’elle soit désormais appropriée  par de plus en plus d’acteurs et d’intervenants associatifs, économiques, académiques et médiatiques.

Pour conforter cette ambition, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait annoncé, en juillet 2010, que le Statut avancé nécessite « la mobilisation de tous les pouvoirs publics et autres acteurs nationaux. Ces efforts doivent s’inscrire dans une démarche concertée et cohérente, afin d’en déterminer les espaces, la portée et le rythme et d’assurer l’exploitation la plus judicieuse qui soit des opportunités offertes par ce statut».

C’est pour cette raison que le Maroc est particulièrement attaché à la consolidation équilibrée et concomitante de son partenariat bilatéral avec l’Union européenne, de ses relations avec les entités territoriales européennes, à l’instar de la Catalogne, de ses liens bilatéraux avec tous les Etats membres de l’Union européenne ainsi que de l’Union pour la Méditerranée.

Le Maroc considère que l’interactivité entre les volets bilatéral, régional et communautaire confère plus de cohérence, de pertinence et d’efficience à son ambition, constamment réitérée, d’atteindre une proximité optimale avec l’Union européenne et de construire avec celle-ci un partenariat multidimensionnel qui puisse l’accompagner dans sa dynamique réformatrice qui consiste à assurer une croissance durable, à asseoir les plus hauts standards de bonne gouvernance et à promouvoir le développement humain et la cohésion sociale.

Le Maroc est pleinement engagé à promouvoir avec l’Union européenne un espace de valeurs partagées et un espace économique commun.

Pour servir ce dessein, la relation Maroc-UE est appelée aujourd’hui, à connaître une nouvelle impulsion à la hauteur de la nouvelle donne en Europe, du printemps arabe et surtout des évolutions de grande envergure menées au cours de la période récente par le Maroc.

En effet, l’adoption par le Parlement européen, le 16 février, de l’accord de libre échange dans le domaine agricole, est une nouvelle illustration du partenariat spécifique existant entre les deux parties, décision qui donne tout son sens au Statut avancé.

Ce vote reflète la solidité de ce partenariat et témoigne de la prise de conscience des euro-députés quant au caractère stratégique et mutuellement bénéfique des relations entre le Maroc et l’UE.

Non seulement cet accord est important en termes économiques et commerciaux mais est également la démonstration que l’Europe croit réellement en un partenariat durable et de proximité avec le Maroc.

De plus, la participation de notre pays à tous les programmes et agences de l’Union européenne constitue un acte de soutien et d’encouragement aux efforts déployés par le Maroc pour approfondir les réformes entreprises.

De ce fait et pour la période à venir, notre pays espère atteindre une proximité optimale avec l’Union européenne, grâce au travail de convergence réglementaire déjà entrepris et qui nous a permis :

– d’asseoir des normes de bonne gouvernance telles que la lutte contre le blanchiment des capitaux, la Cour des Comptes, la modernisation des juridictions et la lutte contre l’immigration irrégulière ;

– de gérer notre transition économique  comme la gouvernance des entreprises publiques, le mécanisme de règlement des différends, la propriété intellectuelle et l’efficacité énergétique ;

– d’améliorer nos indicateurs sociaux tels que l’initiative nationale de développement humain, l’alphabétisation et la couverture médicale.

De plus, de nouveaux secteurs feront l’objet d’un alignement sur l’acquis communautaire (Marchés Publics ; Services financiers/Assurance ; Concurrence ; Protection du consommateur ; Code de travail ; Normalisation Industrielle ; Surveillance des marchés ; Sécurité maritime…).

Dans un souci de cohérence avec ses politiques publiques, le Maroc veille à ce que ce rapprochement soit promu dans un équilibre entre les dimensions ‘Bonne gouvernance’ , ‘Compétitivité économique’ et ‘Dimension humaine’, d’où les synergies que le Maroc est en train d’identifier avec le Conseil de l’Europe.

 

A partir d’une perspective plus globale, parmi les enseignements que l’on pourrait tirer des grands mouvements déclenchés dans les pays arabes depuis plus d’une année, les sociétés arabes ont, elles aussi, autant besoin d’ouverture économique, que de démocratisation politique.

Notre pays considère que le momentum est opportun pour concevoir une approche partenariale plus ambitieuse qui soit en phase avec la nouvelle donne régionale.

Pour ce faire et comme l’a déclaré Sa Majesté le Roi dans son discours visionnaire de Grenade du 7 mars 2010 :

 

« Nous notons avec beaucoup d’appréciation que notre partenariat converge, dans ses multiples dimensions et dans tous ses domaines d’action, avec le projet de société ouverte, démocratique et solidaire que Nous sommes en train de construire avec foi et détermination.

Nous nous réjouissons également de ce que la vocation du Maroc à s’ériger comme une économie émergente, converge avec son ambition stratégique de construire avec l’Union européenne un espace économique commun.

Pour servir ce dessein, le Maroc plaide pour aller au-delà du simple établissement d’une zone de libre-échange et appelle à la dynamisation des flux d’investissement, à la promotion des synergies industrielles et agricoles, aux redéploiements d’activités de services et à la mise en œuvre de politiques communes en matière de recherche-développement et d’économie de la connaissance».

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

 

Je crois qu’il existe désormais un consensus historique entre le Maroc et l’Union européenne sur la voie à suivre du fait de la singularité de notre partenariat qui se caractérise par la confiance, la sérénité et l’ambition. Ce socle nous permet objectivement de construire un partenariat avant-gardiste, modèle pour la région euro-méditerranéenne.

A cet égard, un parallèle entre la logique « Élargissement » et la logique « Voisinage » laisse apparaître un grand différentiel ; A un moment où les pays candidats disposent d’une perspective claire d’adhérer à terme à l’Union européenne, le voisinage et bien qu’il emprunte le même cheminement de réformes et d’ouverture ne bénéficie pas d’une visibilité aussi claire ni de mesures d’accompagnement comparables.

Nous estimons que le moment est venu pour que l’Europe lance des politiques partenariales commence à réduire le différentiel de développement avec ses partenaires du Sud et de l’Est et ce, en cherchant des relais de croissance à l’extérieur de son propre périmètre. Il lui faudra donc raisonner en termes d’intégration d’un vaste espace régional. Une politique de ‘macro-régions’ pourrait réduire les inégalités spatiales, tout en favorisant le développement des marchés et la croissance régionale.

Ce nouveau dessein est aujourd’hui aussi urgent que nécessaire, dans la mesure où, historiquement, l’Europe s’est attachée à favoriser la cohérence de son espace intérieur ­à l’échelle de six, quinze ou vingt-sept pays.

Nous avons donc une responsabilité immense et il faut maintenant une volonté politique pour franchir ce pas historique. Et je crois que c’est à l’Union Européenne et au Maroc de montrer une nouvelle fois le chemin. Et j’ai la forte conviction que nous y sommes prêts.

Je vous remercie.

média

 

attachment-1 photo-2b conference-youssef-amrani b-20 img_0051 milan-oct-2015 2016-02-12 - Youssef Amrani, Minister in Charge of Mission at the Royal Cabinet of Morocco gesticulates on the conference "The Challenges for Security Services in of Imported Terrorism in Europe" from the Middle East Peace Forum on the Munich Security Conference in Munich, Germany. Photo: MSC/dedimag/Sebastian Widmann upm 23023365664_05464c6a50_o