Entretien avec Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères «La situation dans l’espace sahélo-saharien doit être interprétée comme une mise en garde à tous les pays de la région» - Youssef AmraniYoussef Amrani

Entretien avec Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères «La situation dans l’espace sahélo-saharien doit être interprétée comme une mise en garde à tous les pays de la région»

Deux conflits marquent l’actualité : la tragédie syrienne et la crise au Mali qui risque de devenir un véritable prurit pour toute la région. Dans cet entretien, Youssef Amrani qui s’est entretenu récemment avec Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, nous livre son analyse et la position du Maroc sur ces deux questions. Le focus est mis sur la situation au nord du Mali, une situation très préoccupante où le risque d’une intervention militaire africaine n’est pas exclu. Ce foyer de tension ne concerne pas seulement ce pays très vaste, mais toute la région et son imbrication avec le Sahara montre qu’il est urgent d’agir. Entretien.

Le Matin : La diplomatie a figuré en bonne place dans le discours royal du Trône. Comment avez-vous décrypté ce discours ?
Youssef Amrani  : S.M. le Roi Mohammed VI a donné des orientations claires qui constituent une feuille de route ambitieuse pour la diplomatie marocaine, en phase avec les valeurs et les principes fondamentaux du Royaume, mais également avec un environnement régional et international marqué notamment par l’émergence de nouveaux défis et de nouvelles opportunités.
Conformément aux Hautes orientations royales et aux dispositions de la nouvelle Constitution, la politique étrangère du Royaume repose sur de solides acquis et est appuyée par un renforcement de ses moyens, ce qui lui permettra de mener à bien ses différentes missions, conformément aux cinq piliers qui sous-tendent son action, à savoir : la confiance en soi, le respect de la légalité internationale, l’engagement en faveur de la paix et la sécurité internationales, le soutien résolu aux causes justes et le renforcement des relations de coopération internationales.

La présence du Maroc au Conseil de sécurité, les changements régionaux au sud de la Méditerranée et l’aspiration clairement affirmée des peuples maghrébins à œuvrer à l’édification d’un nouvel ordre maghrébin, la nécessaire refondation de l’espace euro-méditerranéen, le renforcement de nos relations avec les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), mais aussi les difficultés économiques de l’Europe, la crise syrienne, l’accroissement des menaces venues du Sahel et ses implications pour le Mali, et l’impasse concernant la question palestinienne font aujourd’hui partie des préoccupations de notre diplomatie. Bien entendu, la question nationale reste une priorité. Le Maroc est un partenaire écouté et respecté au niveau international. Membre non permanent du Conseil de sécurité, notre pays a une responsabilité particulière qu’il devra continuer à assumer en tant que digne représentant de l’Afrique et de la Ligue arabe, et ce, conformément au programme gouvernemental.

Le différend régional artificiel autour de la question du Sahara a été évoqué dans le discours du Trône. Vous revenez des États-Unis où vous avez eu des discussions avec de hauts responsables américains et onusiens. Peut-on savoir, depuis le «rejet» du Maroc des offices de Christopher Ross, où en est le dossier ?
Le processus de négociation politique conduit par l’ONU se poursuit avec le soutien unanime de la Communauté internationale et notamment des États-Unis et de la France. Suite à mes récents entretiens avec plusieurs ministres des Affaires étrangères, je constate qu’aujourd’hui l’heure est au pragmatisme et qu’il existe une vision partagée sur la nécessité de parvenir à une solution politique fondée sur le compromis et le réalisme. Il s’agit aujourd’hui d’aller de l’avant et de sauvegarder la dynamique générée par l’Initiative d’autonomie en se concentrant sur les questions de fond. Dans cette optique, le Maroc a pris ses responsabilités pour prémunir ce processus de toute dérive et compte continuer à œuvrer de bonne foi à l’avancement du processus politique mené par l’ONU, dans le respect des paramètres de la négociation arrêtés par le Conseil de sécurité.
Le statu quo n’est pas une option, ni pour le Maroc, ni pour la région. Tout doit être mis en œuvre pour parvenir le plus rapidement possible à une solution politique définitive de ce différend. Bien entendu, cela implique l’engagement responsable et de bonne foi de l’ensemble des parties concernées. Pour sa part, le Maroc continuera comme par le passé à soutenir les efforts du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et ne ménagera aucun effort pour accompagner et soutenir le règlement de ce différend.

La France préside depuis le 1er août le Conseil de sécurité avec deux lourds dossiers à étudier : la situation en Syrie avec les prémisses d’une guerre civile et le dossier du Sahel. Quelle est la position du Maroc sur la question syrienne ?
Le Maroc, qui s’est engagé avec sérieux et dynamisme dans toutes les décisions et initiatives arabes et internationales visant le règlement de la crise syrienne, est très préoccupé par la dégradation de la situation en Syrie. Notre diplomatie s’est activée dès le début pour trouver une issue rapide et pacifique à cette crise. Je vous rappelle d’ailleurs que le premier projet de résolution du Conseil de sécurité, malheureusement bloqué par un veto de la Russie et de la Chine, a été présenté par le Maroc. Le Royaume a également été le premier contributeur à la mission d’observation de la Ligue des États arabes et le plus grand contributeur en observateurs onusiens de la MISNUS.
Conformément aux principes fondateurs de sa politique étrangère et à son statut de tête de pont de la Ligue arabe au Conseil de sécurité, le Maroc n’a cessé d’œuvrer pour un règlement pacifique de la crise syrienne basé sur le dialogue politique, dans le cadre d’une transition démocratique, la réconciliation nationale entre l’ensemble des composantes de la société syrienne, ainsi que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie. Avec l’intensification des violences et la grave détérioration de la situation en Syrie, le régime syrien a perdu toute crédibilité pour mener cette transition politique et s’est par conséquent auto-exclu du jeu politique syrien. Sur la base de ce constat, le Maroc poursuivra ses efforts en vue de parvenir à une cessation des violences.
Dans le même temps, le Royaume œuvre sans relâche pour parvenir à la mise en place rapide et effective d’une assistance humanitaire aux populations civiles. En effet, deux millions de Syriens sont actuellement affectés par les violences et des dizaines de milliers se sont réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. C’est dans ce contexte que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a pris l’initiative d’envoyer une aide humanitaire substantielle aux réfugiés syriens installés en Jordanie, confirmant ainsi l’engagement solidaire constant du Royaume envers les pays frères et amis. Dans l’état actuel de la situation, le Maroc continuera de s’impliquer activement au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, en vue de renforcer les pressions diplomatiques, à travers notamment la mise en œuvre de sanctions additionnelles et l’adoption d’une résolution plus contraignante, en vertu du Chapitre VII de la Charte onusienne. Dans cette optique, la France, qui préside depuis le 1er août le Conseil de sécurité, a convoqué une réunion au niveau ministériel du Conseil.
Je pense que l’échec du Plan Annan interpelle aujourd’hui plus que jamais le sens des responsabilités des membres de la communauté internationale pour l’adoption et la mise en œuvre de mesures salutaires et décisives au sein du Conseil de sécurité. Le Maroc, qui a pris part aux trois réunions ministérielles du Groupe des Amis du peuple syrien, tenues respectivement à Tunis, Istanbul et tout dernièrement à Paris, projette pour sa part d’organiser la prochaine rencontre à Rabat. Il appartient cependant à l’opposition syrienne de trouver plus de cohésion pour construire avec l’ensemble des composantes de la société syrienne un avenir à la hauteur de leurs aspirations partagées.

Le souverain a résumé la situation dans «La région du Sahel et du Sahara comme étant confrontée à de multiples risques qui menacent l’unité nationale et l’intégrité territoriale de ses pays». Vous vous êtes entretenu avec Laurent Fabius, ministre des AE français, qui revient d’un périple au Sénégal, au Tchad, au Burkina Faso et au Niger où cette question a été débattue. Une intervention de la CEDEAO est-elle envisagée ?
Au cours de mon entretien avec M. Fabius, ministre des Affaires étrangères français, j’ai pu constater, une fois de plus, la grande convergence de vues de Rabat et Paris, notamment en ce qui concerne les questions régionales et internationales d’intérêt commun. Dans le cas du Sahel, et plus particulièrement du Mali, nous avons partagé une analyse identique de la situation. Le cauchemar stratégique, humanitaire et politique d’une «somalisation» du Mali hante aussi bien le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest que l’Europe. Par ailleurs, bien que la résolution 2056, placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, fixe le cadre d’une solution politique globale au Mali, sa mise en œuvre s’avère confrontée à plusieurs difficultés. Pour sa part, le Maroc continuera à soutenir les efforts de la CEDEAO visant à trouver une issue pacifique et une solution politique à la crise malienne, respectueuse de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Mali frère.
Dans cette optique, le Royaume s’emploie à mobiliser l’ensemble de ses partenaires au sein du Conseil de sécurité, ainsi que dans les enceintes internationales appropriées, pour progresser vers une solution politique basée sur le réalisme, la réconciliation nationale et le rejet du terrorisme. Bien entendu, l’épuisement de l’ensemble des moyens diplomatiques conduira la CEDEAO et le Conseil de sécurité à envisager d’autres alternatives.
Aujourd’hui le Conseil de sécurité se déclare prêt à examiner la demande de la CEDEAO d’autoriser le déploiement d’une force de stabilisation au Mali dès qu’il aura reçu des précisions sur les objectifs et les moyens d’une telle force. Le Maroc considère que la CEDEAO est l’Organisation la plus indiquée pour agir. Cependant, nous pensons également que les pays du voisinage non membres de la CEDEAO, de même que l’ensemble de la communauté internationale, devront, le cas échéant, apporter leur soutien, sous une forme ou une autre, dans un esprit de responsabilité partagée et de solidarité agissante.

Quelles réflexions tirez-vous de la crise malienne, qui touche tous les États voisins, y compris l’Algérie ?
Le Maroc a été le premier pays, il y a cinq ans déjà, à alerter la communauté internationale sur les développements dangereux en cours dans l’espace sahélo-saharien, notamment en ce qui concerne les interconnexions entre les réseaux terroristes et les organisations criminelles impliquées dans divers trafics, dont ceux de la cocaïne et de l’armement. Comme souvent lorsqu’il s’agit de nouvelles menaces régionales ou internationales, il y a un temps d’incubation entre les premiers symptômes et les manifestations patentes du mal. La prise de conscience est souvent tardive. Aujourd’hui, la communauté internationale manifeste la volonté de s’engager à lutter concrètement contre les nouvelles menaces provenant de la région sahélo-saharienne et nous ne pouvons que nous en féliciter.
Le renforcement des capacités financières et opérationnelles des groupes terroristes, grâce au développement de leurs activités criminelles et à leurs alliances conjoncturelles avec d’autres mouvements, comme ce que nous avons pu voir dans le cas du Mali, où des groupes sécessionnistes se sont alliés avec des réseaux jihadistes pour prendre le contrôle du nord Mali, se traduit par une déstabilisation accrue de la région sahélo-saharienne et met en péril la paix et la sécurité régionales, de même que les intérêts de nombreux pays dans la région.
Dans le même sens, plusieurs observateurs et spécialistes avisés de la scène sahélo-saharienne n’ont pas manqué de relever les liens entre les camps de Tindouf où ont été enlevés il y a neuf mois deux Espagnols et une Italienne, et certains mouvements jihadistes liés à Al Qaïda. Il y a aujourd’hui urgence à agir et à éviter que la région sahélo-saharienne ne devienne un sanctuaire sécurisé pour terroristes et le refuge sûr des filières du crime organisé. Il est par conséquent impératif de mettre un terme à cette dangereuse évolution qui tire sa force de l’absence d’une véritable stratégie régionale.

En effet, outre les mesures préconisées par la CEDEAO, l’absence d’une véritable coopération régionale renforcée au niveau de l’espace maghrébin prive l’ensemble des cinq pays d’un mécanisme efficient pour endiguer le risque concret d’instabilité dans notre région et dans son voisinage. L’échec de l’approche unilatérale visant AQMI a favorisé, il faut bien le reconnaître, une contagion régionale du terrorisme à référentiel religieux. Cela montre, une fois de plus, que le Maghreb ne peut plus être figé dans des postures d’antagonismes stériles et doit ouvrir la voie au dialogue, à la concertation, ainsi qu’à la résolution des différends portant atteinte aux intérêts supérieurs de l’ensemble de nos pays.
Cette crise malienne nous rappelle également que la précarité de cette immense région désertique et le manque de perspectives d’évolution satisfaisantes sont à l’origine de la plupart des maux auxquels sont confrontés aujourd’hui les pays de l’Afrique subsaharienne et leur voisinage. Ce constat conforte l’approche du Royaume dans le traitement des questions sécuritaires, qui privilégie les volets développement et solidarité dans sa stratégie visant à combattre les racines de l’extrémisme violent ou idéologique.
De ce point de vue, malgré un contexte économique difficile, l’ensemble de la Communauté internationale aurait intérêt à renforcer son engagement dans cette région, à travers le respect des Objectifs du Millénaire et la mise en œuvre d’une aide au développement plus soutenue et ambitieuse.

Ce danger de désintégration de certains pays du Sahel n’est-il pas une opportunité pour mieux faire valoir le dossier du Sahara ?
Le scénario d’une désintégration de certains pays du Sahel serait un défi sécuritaire majeur et une source sérieuse de déstabilisation pour l’ensemble des pays de la région. Le terme opportunité est par conséquent tout à fait inapproprié.
Une telle évolution irait à l’encontre du sens de l’histoire, qui plaide au contraire pour le regroupement de pays en pôle régional mieux à même de répondre de façon adéquate aux problématiques de ce XXIe siècle, qui imposent la mise en œuvre d’une vision intégrée, notamment dans les domaines économiques et sécuritaires. Ainsi, loin de représenter une quelconque opportunité ou réponse, la naissance d’État faillis (failed states) porterait les prémices, pour ne pas dire les promesses, de lendemains encore plus incertains.
Je pense que la gravité de la situation dans l’espace sahélo-saharien devrait plutôt être interprétée comme une mise en garde à tous les pays de la région qui seraient tenté d’instrumentaliser la problématique du terrorisme à des fins de politique politicienne. La situation actuelle milite au contraire pour la mise en œuvre d’une nouvelle vision des relations internationales basée sur la coopération, la complémentarité, de même que la responsabilité et la prospérité partagée.
Pour sa part, le Maroc, acteur agissant, crédible et écouté poursuivra ses efforts en faveur de la paix et de la stabilité dans la région, comme ce fut le cas lors des crises guinéenne et ivoirienne.

Face aux retards pris dans la construction de l’UMA, on pourrait se demander si finalement le Maghreb n’est pas une utopie pour l’élite ou si l’on peut réellement espérer un début de concrétisation de ce projet ?
L’UMA est à la fois une aspiration populaire partagée par les populations des cinq pays maghrébins et une réalité indéniable depuis le 17 février 1989, date à laquelle le Traité constitutif de l’Union du Maghreb arabe a été signé par les cinq chefs d’État à Marrakech. Depuis, le secrétariat général a été mis en place à Rabat, en 1992, de même que le Conseil consultatif à Alger, le Conseil judiciaire à Nouakchott, l’Université du Maghreb et l’Académie maghrébine des sciences à Tripoli et enfin la Banque maghrébine des investissements et du commerce extérieur à Tunis. Ainsi, malgré les difficultés, l’UMA a achevé sa construction institutionnelle il y a plus de 20 ans. À la suite du sommet de Marrakech, des réunions ministérielles ainsi que des rencontres au niveau des hauts fonctionnaires et des experts ont conduit à l’élaboration d’une trentaine de conventions, accords, chartes et protocoles. Le dialogue et les échanges se sont donc poursuivis, même de façon ponctuelle.

Aujourd’hui, il est cependant impératif d’avancer de façon plus ambitieuse, plus concrète et plus opérationnelle. Dans cette perspective, il est nécessaire d’engager à la fois une refondation et un renforcement des instances et des mécanismes de fonctionnement de l’UMA avec des instruments novateurs afin d’optimiser les voies et moyens favorisant cette intégration. Ceci implique également la mise en place d’une feuille de route globale et contraignante dans ses outils et ses objectifs.
Dans le contexte régional et international actuel, l’UMA est appelée à jouer un rôle clé dans l’accompagnement et la promotion d’actions régionales innovantes favorisant l’émergence d’un espace démocratique apaisé, stable et prospère. Dans ce cadre, il importe d’insuffler une nouvelle dynamique à l’UMA en construisant sur les acquis et en adoptant une démarche fondée sur les trois D, à savoir : Développement, Démocratie et Dissuasion, en ce qui concerne les menaces sécuritaires.
L’UMA a besoin de jeter les bases d’une union sans cesse plus étroite en éliminant les barrières qui entravent le rapprochement des cinq pays, ce qui sous-entend l’existence d’une volonté politique sincère et résolue fondée sur une nouvelle approche inclusive et fédératrice. En entendant la réalisation de ce nouvel ordre maghrébin, le Royaume, comme l’a souligné Sa Majesté le Roi
Mohammed VI, dans Son discours à la Nation donné à l’occasion de la Fête du Trône, «poursuivra ses efforts en vue de renforcer ses relations bilatérales avec l’ensemble des partenaires maghrébins, y compris l’Algérie voisine, répondant ainsi aux aspirations pressantes et légitimes des peuples de la région, notamment en ce qui concerne la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services. Le Maghreb est entré dans une nouvelle ère, porteuse de défis et d’espérance. Il incombe à chacun des cinq pays maghrébins de tout mettre en œuvre pour être au rendez-vous avec l’histoire et à la hauteur des aspirations légitimes de leur population respective. Le Sommet de Tunis sera de ce point de vue un révélateur des ambitions réelles ou supposées de chacun des cinq pays.

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attachment-1 photo-2b conference-youssef-amrani b-20 img_0051 milan-oct-2015 2016-02-12 - Youssef Amrani, Minister in Charge of Mission at the Royal Cabinet of Morocco gesticulates on the conference "The Challenges for Security Services in of Imported Terrorism in Europe" from the Middle East Peace Forum on the Munich Security Conference in Munich, Germany. Photo: MSC/dedimag/Sebastian Widmann upm 23023365664_05464c6a50_o