Allocution de Monsieur Youssef Amrani lors de la Réunion des Amis de l’Alliance des Civilisations à New York - Youssef AmraniYoussef Amrani

Allocution de Monsieur Youssef Amrani lors de la Réunion des Amis de l’Alliance des Civilisations à New York

Excellences, Mesdames et Messieurs

Je sais que mon temps de parole est court, donc d’autant plus précieux. Je tiens, néanmoins, à en consacrer une partie pour remercier le Haut Représentant de l’Alliance des civilisations le Président Jorge Sampaio, pour ses efforts inlassables au service de l’Alliance des Civilisation.

L’Alliance des Civilisation constitue une initiative historique dela Communauté internationale pour quitter les sentiers de l’individualisme vers ceux du dialogue, de la tolérance et de la réconciliation. Votre rôle, Président Sampaio, n’en est pas moins historique dans la mise sur rail de cette initiative, et la mobilisation d’un consensus international fondateur autour de ses objectifs. Pour cela, je me fais la voix de mon Gouvernement pour vous exprimer toute la considération et le soutien du Royaume du Maroc.

Je tiens également à saluer l’appui constant que le Secrétaire Général, S.E.M. Ban Ki-Moon, n’a eu de cesse d’apporter à l’Alliance des Civilisations. Je ne manque pas, enfin, de rendre hommage à M. Kofi Annan, pour son rôle décisif qui a permis à l’Alliance de passer du stade de projet à celui d’un véritable catalyseur d’action politique.

Mesdames, Messieurs,

Notre réunion d’aujourd’hui tombe à point nommé. Les événements tragiques de ces derniers jours illustrent un climat d’intolérance et de haine religieuse d’une intensité rarement égalée. Le Royaume du Maroc a condamné, en son temps et dans les termes plus fermes, tant les actes odieux menés contre le Consulat américain à Benghazi, que les provocations haineuses envers  l’islam qui leur ont servi de prétexte et d’alibi.

Je revendique la faiblesse de croire que ces violences, symboliques et physiques, sont le fait de minorités égocentriques, rangées par l’ignorance et le complexe de supériorité. De part et d’autre, elles s’alimentent mutuellement, à coup de provocations insupportables et de ripostes d’autant plus inadmissibles. Or, ce sont là les fruits acerbes d’une crise intellectuelle et morale profonde, qui se joue des frontières et s’enracine dans l’ignorance, l’arrogance et les fanatismes les plus obtus ; des maux devenus – il faut bien le reconnaître – des menacent directes à la stabilité et la sécurité internationales.

C’est dire le sentiment d’urgence qui anime notre volonté de sortir, par le haut, de cette spirale de haine, de provocation et de rejet mutuel. L’Alliance des Civilisations a la vocation, mais aussi la responsabilité, de générer un terrain de consensus pour une action globale et concertée dans ce sens.

Mais, force est de constater que la tolérance, qui demeure une valeur fondatrice de l’Alliance des Civilisations, n’est plus suffisante. Il s’agit désormais de franchir un pas supplémentaire vers l’Autre, en développant une nouvelle culture de la compréhension mutuelle et de l’empathie. Car, comme le soulignait Sa Majesté Le Roi Mohammed VI : « il n’est de choc qu’entre les ignorances ».

L’on ne peut, donc, que ce réjouir de la volonté politique largement exprimée dans cette réunion, pour lutter contre les fanatismes et cultiver la tolérance et le dialogue. L’heure est venue de transformer cette volonté politique en Politiques volontaristes résolues à endiguer l’intolérance et à lutter efficacement contre les manifestations, mais aussi les causes, de ce « choc des ignorances ».

Se dresser face au repli identitaire, face à l’arrogance ethnocentrique, face à la pauvreté intellectuelle et face à la pauvreté tout court, sont indubitablement des pistes à emprunter, dans une perspective médiane et lointaine d’apaisement et de réconciliation. Mais, l’urgence de l’action commande aux politiques que nous sommes, de poursuivre des stratégies et des programmes dont l’objectif est de toucher, à brève échéance, la conscience populaire, au moyen de mécanismes pragmatiques, associant les acteurs gouvernementaux, mais aussi les Groupements internationaux et – surtout – les organisations dela Sociétécivile qui ont foi en l’unité du destin humain, dans la diversité des religions, des cultures et des civilisations.

Si l’intolérance est le reflet d’une profonde ignorance, le plus grand danger demeure la banalisation du discours de haine, de provocation ou d’humiliation du sacré dans toute sa diversité. Aussi, faut-il se résoudre à se donner les moyens légaux de lutter activement et fermement contre l’incitation à la haine religieuse, tant elle est la quintessence de toutes les formes de xénophobies et de discrimination. L’Alliance a là un défi à relever.

Il faut désormais développer une action stratégique dans le domaine de l’éducation, qui est le vecteur le plus porteur, mais aussi le plus laborieux, du dialogue et de l’ouverture. C’est également un élément essentiel dans la lutte contre l’abus, voire le détournement, de la liberté d’expression. A cet égard, le rôle des médias pour favoriser le développement du dialogue et de la compréhension mutuelle, est fondamental. Des médias fondés sur le professionnalisme, respectueux de l’éthique et efficaces peuvent briser les stéréotypes, approfondir la compréhension et favoriser le développement d’une pluralité de voix.

Mesdames, Messieurs,

La lutte contre l’obscurantisme et le fanatisme relève de notre responsabilité partagée. L’Alliance des Civilisations, à travers tous ses Amis ici présents, est un catalyseur politique puissant, qui est à l’avant-garde de ce dessein civilisationnel. Notre Alliance a désormais vocation à générer un consensus international suffisamment large pour endiguer les velléités d’agression ou de domination.

Le Royaume du Maroc, dont l’être est l’exemple même de la pluralité et le « savoir-vivre-ensemble », a été, est et restera un allié sûr de l’Alliance des civilisations.

média

 

attachment-1 photo-2b conference-youssef-amrani b-20 img_0051 milan-oct-2015 2016-02-12 - Youssef Amrani, Minister in Charge of Mission at the Royal Cabinet of Morocco gesticulates on the conference "The Challenges for Security Services in of Imported Terrorism in Europe" from the Middle East Peace Forum on the Munich Security Conference in Munich, Germany. Photo: MSC/dedimag/Sebastian Widmann upm 23023365664_05464c6a50_o